Stadtbild Madrid
Vue de la ville de Madrid
1968 277 cm x 292 cm Catalogue Raisonné: 171
Huile sur toile
Si l'on regarde les grands formats carrés des Vues de villes [CR: 171, 175–177-3, 249–251], on peut discerner les qualités spécifiques d'exécution artistique.
Dans la Vue de ville Madrid [CR: 171], la structure des rues, des arbres et des bâtiments est visible et les rend facilement reconnaissables. Certaines Vues de ville peintes un peu plus tard, telles que Vue de ville Paris [CR: 175], Vue de ville D [CR: 176], les versions de la Vue de ville F [CR: 177/1-3] et les Vues de ville PL [CR: 249–251] semblent avoir été peintes plus rapidement et moins précisément, la gestuelle et les empâtements ayant fait disparaître beaucoup de détails. Dans la Vue de ville Paris, en particulier, il est difficile de distinguer les rues des maisons.
À cause des détails manquants, les grands formats des Vues de ville ressemblent aux photos aériennes des villes bombardées après la guerre – un parallèle que Gerhard Richter lui-même établit avec le recul: « Quand je regarde mes vues de ville aujourd'hui (...) il me semble, rétrospectivement, qu'elles évoquent certaines images de la destruction de Dresde pendant la guerre »1.
Le questionnement de Gerhard Richter concernant la figuration et l'abstraction dans les Vues de ville relève de la distance: de loin les images peuvent être facilement identifiées comme des Vues de ville; toutefois, quand le regardeur s'en rapproche, la représentation se dissout alors dans une vaste étendue formée de coups de pinceaux blancs, gris et noirs.
L'artiste se joue du désir d'identification du regardeur pour l'objet représenté et il semblerait que Richter, lui-même, essaierai de comprendre l'image lorsque celle-ci cesse d'être reconnaissable.
Richter décrit son questionnement sur les vues aériennes de villes comme (la fin de [son] intérêt pour le contenu intéressant et pour la peinture illusionniste. Une tache de peinture doit rester une tache de peinture, le tableau ne doit pas receler un message et ne susciter aucune interprétation) »2. Néanmoins, dans cette série, Gerhard Richter n'abandonne pas complètement son objet figuratif d'origine en choisissant de le souligner en utilisant le titre descriptif de Vue de ville.
1 Commentaires sur certaines œuvres, 1991 dans: Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 262 cité par Dietmar Elger, dans Gerhard Richter, Édition Hazan, 2010, (traduit de l'allemand par Caroline Jouannic), p. 128.
2 'Synopsis de travail', 1968 dans: Gerhard Richter: Text, p. 53 cité par Dietmar Elger, dans Gerhard Richter, Édition Hazan, 2010, (traduit de l'allemand par Caroline Jouannic), p. 126.
Notes préparées par l'équipe éditoriale.
The Doris and Donald Fisher Collection at the San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA), San Francisco, USA
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