Photography

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Mais je voudrais en arriver au point de pouvoir découper un magazine au hasard et que chacun de ces morceaux donne ensuite un tableau.
Je suis incapable pour le moment d'expliquer ça comme il faut. Alors je rassemble déjà les matériaux photographiques les plus insignifiants et les moins artistiques que je puisse trouver. Et j'aimerais arriver à ce que cette insignifiance spécifique soit conservée au profit de quelque chose qui serait recouvert sinon par tout un tas d'artifices.

Lettre à deux amis artistes. De Düsseldorf, 22 septembre 1964, à Helmut et Erika Heinze, 1964 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

La photo est l'image la plus parfaite qui existe ; elle ne change pas, elle est absolue, donc indépendante, inconditionnelle, sans style. C'est la raison pour laquelle elle a pour moi valeur de modèle par la manière dont elle relate et par ce qu'elle relate.

Notes, 1964-65, 1964-65 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Pourquoi la photographie joue-t-elle un rôle si important dans votre œuvre ?
Parce que c'est la photo m'étonnait, surtout cette masse de photos que nous utilisons chaque jour. Alors, soudain, je les ai vues différemment, comme des images qui, sans répondre à tous les critères traditionnels que j'associais auparavant à l'art, me transmettaient une autre vision. Cette image n'avait aucun style, aucune composition, elle ne jugeait pas, elle me libérait de mes expériences personnelles. D'emblée, elle n'avait rien, c'était une image à l'état pur. Voilà pourquoi je désirais l'avoir, la montrer, non pas pour l'utiliser comme support de la peinture, mais pour me servir de la peinture comme moyen photographique.

Entretien avec Rolf Schön, 1972, 1972 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Vous méfiez-vous de la réalité aprce que votre point de départ est la photographie ?
Je ne me méfie pas de la réalité, ou de cette réalité partielle que nous percevons grâce à nos sens, mais de l'image de la réalité rendue par nos sens, car elle est incomplète et restreinte.

Entretien avec Rolf Schön, 1972, 1972 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Un jour, vous avez dit que vous utilisiez des photos parce que l’appareil voit davantage d'objectivité que vos yeux. Vous connaissez tous les registres et les manipulations possibles en photographie. Voulez-vous malgré tout présenter une réalité plus objective ?
Non. Toute œuvre d'art est d'abord objet, la manipulation est inévitable. Elle est nécéssité absolue. Mais j'ai besoin de la photo, plus objective, pour corriger ma manière de voir. Si par exemple, je peins un objet d'après nature, je risque de le styliser et de le transformer pour qu'il corresponde à mes conceptions et à mon éducation. Mais si je copie une photo, tous les critères et les modèles tombent en désuétude et je peins pour ainsi dire contre ma volonté. Or j'ai ressenti ce phénomène comme un enrichissement.

Entretien avec Peter Sager, 1972, 1972 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

J'avais toujours pris des photos et en ai utilisées plusieurs en peinture durant les années 1960, bien que j'aie commencé à utiliser les miennes bien plus vers la fin des années 60. J'ai surtout photographié des objets, prenant rarement des portraits en photo. Les portraits que j'ai peints à cette époque étaient basés sur des photos d’identité reçues et qui ont été ensuite transformées en peintures. J'ai commencé à peindre d’après des photos de personnes avec le tableau Ema ( Nu sur un escalier ) [CR: 134]. Les photographies que j'ai utilisées provenaient principalement de magazines illustrés et c’est pour cette simple raison que la plupart des toiles se sont trouvé être en noir et blanc.

Comments on some works, 1991, 1991 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

La photographie n’a presque pas de réalité, c'est presque cent pour cent de l'image. Et la peinture a toujours une réalité, alors que vous pouvez toucher la toile : elle a une présence ; mais elle produit toujours une image – bonne ou mauvaise. Vaine théorie. Ça ne sert à rien. Une fois, j'ai fait des petites photos que j'ai barbouillées de couleur. Une part de cette problématique s'est ainsi trouvée réunie et c'est bien mieux que tout ce que je pourrais en dire.

Interview mit Jonas Storsve 1991, 1991 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

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