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Le contact avec des peintres partageant les mêmes idées, un groupe, autrement dit, voilà ce dont j'ai besoin, car rien ne vient tout seul. C'est aussi en discutant que nous avons approfondi nos idées. Cela ne me ferait aucun bien de m'isoler dans un village. Chacun est dépendant de son entourage. C'est pourquoi j'attache tant d'importance aux contacts avec d'autres artistes, et particulièrement à ma collaboration avec Lueg  et Polke – qui m'apportent beaucoup: c’est une partie des ressources dont j’ai besoin.

Notizen 1964 (–1967), 1964 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

En fait, les tableaux sont des idées rendues visibles ou devenues images, puisque l'idée doit être visible autant dans l'œuvre prise indivduellement que dans l'ensemble, ce qui présuppose une information par le langage sur l'idée et le contexte. Mais ceci ne veut pas dire qu'ils fonctionnent en tant qu'illustration d'une idée, car finalement, le tableau est l'idée en soi: formuler l'idée verbalement n'est pas traduire le visuel, mais sert en quelque sorte à exprimer une certaine parenté avec l'idée, c'est une interprétation, ou littéralement, une réflexion.

Lettre à Jean-Christophe Ammann, Février 1973, 1973 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Mon incapacité, l'impossibilité de réaliser, d'achever, de peindre une toile réellement valable, et surtout ne pas savoir à quoi devrait ressembler cette toile me désespèrent. Mais, en même temps, je garde l'espoir de réussir, d'y parvenir à force de persévérance. Par moments, une chose prend naissance qui nourrit cet espoir, une chose qui rappelle ce à quoi j'aspire ou qui me le laisse entrevoir, même si, trop souvent, ce n'est qu'illusion, même si la chose entrevue dans l'instant a disparu pour ne laisser que l'ordinaire

Notes, 1985, 1985 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Je n’ai pas de mobile, uniquement une motivation. Je crois que la motivation est essentielle, qu'elle correspond à la nature tandis que le mobile est démodé, voire même réactionnaire ( aussi absurde que de se demander quel est le sens de la vie ).

Notes, 1985, 1985 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Quel rôle le hasard joue-t-il dans ta peinture ?
Un rôle essentiel, depuis toujours. C'est un fait qui, parfois, m'inquiète et cette dépendance envers le hasard est pour moi une lacune.

 

Est-ce un autre type de hasard que chez Pollock ? Un autre aussi que celui de l’automatisme surréaliste ?

Certainement, ce n'est jamais un hasard aveugle ou calculé, mais qui vient toujours de la surprise. Et j'en ai besoin, pour avancer, pour éliminer les défauts et mes erreurs de pensée, pour apporter quelque chose, qui dérange; Parfois, je suis stupéfait de constater que le hasard est bien meilleur que moi.

Entretien avec Benjamin H. D. Buchloh, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Quelle est votre compréhension du « beau » ?

Le beau c’est un tableau de Mondrian, une œuvre de Schônberg ou Mozart, une peinture de Léonard, Barnett Newman ou aussi de Jackson Pollock. Pour moi, c’est le beau. De même que le beau c’est la nature. Une personne aussi peut être belle. Et le beau est aussi par définition « intouchable ». En effet, c’est un idéal : que nous, les humains, soyons intouchables et donc beaux.

Interview with Christiane Vielhaber, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Quel est, selon vous, la part de réel et de vérité dans vos tableaux ?

La vérité... Quand ils ont une structure comparable à la nature et qu’elles sont organisées d’une façon aussi vraie que nature. Quand je regarde par la fenêtre, alors la vérité, pour moi, est la façon dont la nature se déploie dans toutes ses tonalités, couleurs et proportions. C’est une vérité qui a sa propre exactitude. Cette petite tranche de nature, en fait tout élément de nature, représente pour moi un défi continuel et un modèle pour mes peintures.

Interview with Christiane Vielhaber, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Nature/ structure. On ne peut en dire plus, c'est à cela que je réduis mes tableaux, bien que « réduire » ne soit pas le mot juste, car il ne s'agit pas d'une simplification. Je ne peux pas exprimer verbalement à quoi je me consacre, et que je considère comme possédant une multitude de strates, comme plus important, plus vrai.

Notes, 1989, 1989 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Illusion, ou mieux, apparence. L'apparence est le thème de toute ma vie ( ce pourrait être le sujet du discours d'accueil des débutants des Beaux-Arts ). Tout ce qui est, semble, est visible parce que nous percevons l'apparence qui en est le reflet. Rien d'autre n'est visible.

Notes, 1989, 1989 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Comment réussissez-vous à maitriser le hasard de sorte à obtenir une image définie ayant un certain message, car c'est bien votre but déclaré?
Justement, je n'ai aucune image définie en tête, mais souhaite obtenir un tableau que je n'ai absolument pas conçu d'avance. Donc, cette méthode de travail, par l'arbitraire, le hasard, l'idée qui vient brusquement et la destruction, permet de réaliser un certain type d'images mais jamais un tableau prédéterminé. Chaque tableau doit se développer à partir d'un logique picturale et visuelle, résulter obligatoirement du travail. Ainsi, ne préconcevant pas le résultat, j'espère pouvoir réaliser cette harmonie, cette objectivité que possède n'importe quel élément de la nature (ou le ready-made). C'est certainement une méthode ou l'inconscient intervient pour une large part. Je souhaite obtenir un résultat plus intéressant que ce que j'imagine.
 

Entretien avec Sabine Schütz, 1990, 1990 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Vous avez dit dans les années 60 avoir été impressionné par la conférence donnée par Cage sur le vide dans lequel il a dit : « Je n’ai rien à dire et c’est ce que je dis ». Comment appréhendez-vous ce paradoxe et comment reliez-vous cela à votre désir d’éviter d’avoir un grand discours sur votre travail ?

J’ai pensé que cela provenait de la même motivation qui le conduit à utiliser la notion de hasard, qui est ce que nous ne pouvons  pas savoir ou ce que nous ne pouvons pas dire du tout, d’après le concept de philosophie classique du « Je sais que je ne sais rien ».

MoMA Interview with Robert Storr, 2002, 2002 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

A l’époque, lorsque vous parliez de votre utilisation de la photographie comme source de vos tableaux, l’étendue du choix que vous aviez et l’aspect disparate de votre sélection, Pensiez-vous au modèle apporté par la qualité arbitraire en apparence des procédés de Cage ?
Cage est beaucoup plus discipliné. Il a fait du hasard une méthode et l’a utilisée de façon constructive. Je n’ai jamais fait cela. Tout ici est un peu plus chaotique.

Chaotique dans le sens de plus arbitraire ou dans le sens de plus intuitif ?
Peut-être plus intuitif. Je crois qu’il ne savait plus ce qu’il faisait. Je pouvais me tromper complètement à ce sujet mais c’était mon impression.

MoMA Interview with Robert Storr, 2002, 2002 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Qu’est ce que vous entendez par tradition, spécifiquement dans le sens d’avoir une connaissance suffisante de la tradition pour être en mesure d’aller à l’encontre de celle-ci ? Et lorsque cela arrive, à l’encontre de quoi ?
La nécessité de rompre avec une tradition s’impose seulement lorsque vous avez affaire à une tradition démodée et gênante : je n’ai jamais vraiment réfléchi à cela parce que je considère l’approche démodée, étant liée à une certaine tradition, comme valable, ( ce qui peut être une faiblesse ). Mais en tout cas, la tradition positive peut aussi provoquer de l’opposition, si elle est trop puissante, trop envahissante, trop exigeante. Cela serait simplement représentatif du propre de la nature humaine de vouloir avoir de l’emprise sur ses traditions.

Interview with Jeanne Anne Nugent, 2006, 2006 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Votre génération a été très marquée par 68, ce qui n'a pas été vrai pour vous. Y a-t-il là aussi un lien avec la RDA ?
Et combien ! Je ne savais pas vraiment pourquoi les gens descendaient dans la rue à l'Ouest. C'était fantastique de vivre ici, avec tant de liberté, et voilà qu'ils trouvaient cela rance, petit bougeois et fascisant, asphyxiant. C'est la RDA qui était asphyxiante et elle seule avait repris à son compte pratiquement intégralement les méthodes d'intimidation, d'exercice de la force et de la propagande mensongère de l'Allemagne nazie.

Du pop, de l'Est-Ouest et de quelques-unes des sources documentaires. Uwe M. Schneede s'entretient avec Gerhard Richter, 2010 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Si vous ne croyez pas en Dieu, en quoi croyez-vous ?
Disons, tout d'abord, que je crois qu'on doit toujours croire. C'est la seule voie possible. Après tout, nous croyons tous deux que nous ferons cette exposition. Mais il m'est impossible de croire en Dieu, en tant que tel, car il est soit trop grand, soit trop petit pour moi, et toujours incompréhensible, incroyable.

Je n'ai rien à dire et je le dis. Entretien avec Gerhard Richter, Nicholas Serota, printemps 2011, 2011 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

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