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Vous vous qualifiez parfois de peintre classique.
La signification précise de ce mot m39;a toujours échapée, mais même si je l39;utilise improprement, le « classique » a toujours été mon idéal, aussi longtemps que je puisse m39;en souvenir. ll m39;en est resté quelque chose qui m39;a toujours accompagné, jusqu39;à aujourd39;hui. J39;ai rencontré des difficultés, naturellement, parce que, comparé à mon idéal, je ne m39;en suis jamais ne serait-ce qu39;approché.
Et qu39;est-ce qui relie Vermeer, Palladio, Bach et Cage ?
C39;est précisément cette qualité dont je viens de parler. Ce n39;est jamais affecté, ni étonnant et élégant, ni déconcertant, ni spirituel, ni intéressant, ni cynique, ça ne peut être prémédité et probablement même pas décrit. C39;est tout simplement bon.
Si vous ne croyez pas en Dieu, en quoi croyez-vous ?
Disons, tout d39;abord, que je crois qu39;on doit toujours croire. C39;est la seule voie possible. Après tout, nous croyons tous deux que nous ferons cette exposition. Mais il m39;est impossible de croire en Dieu, en tant que tel, car il est soit trop grand, soit trop petit pour moi, et toujours incompréhensible, incroyable.
Y a-t-il des sujets qu39;il vous est impossible de peindre ?
Je ne pense pas qu39;il existe de sujet qui ne puisse être peint, mais il y en a beaucoup qu39;il m39;est personnellement impossible de peindre.
Que cherchez-vous à obtenir avec ces images réalistes ?
Je m39;efforce de peindre une image de ce que j39;ai vu et de ce qui m39;a ému, le mieux possible. C39;est tout.
Avec le pinceau, vous conservez la maîtrise. Le pinceau est chargé de peinture et vous posez la touche. Avec votre expérience, vous savez très exactement ce qui va se produire. Mais avec le racloir, vous perdez la maîtrise.
Pas toute la maîtrise, une partie seulement. Cela dépend de l39;angle, de la pression et de la peinture particulière que j39;utilise.
Cette fois-ci, tout le sol est recouvert de magazines illustrés que j39;ai découpés, ma nouvelle marotte (depuis 8 jours) : découper des images dans des magazines, en détremper les couleurs avec du diluant et les estomper suivant ce que je cherche. Ça me botte terriblement. Les illustrés m39;ont toujours séduit, certainement à cause de l39;actualité documentaire. J39;ai également fait quelques tentatives pour peindre ce genre de choses en grand. On verra bien ce que ça donnera. Je fais là quelque chose qui ressemble un peu à une nouvelle tendance : le Pop Art (de populaire), ça doit être né en Amérique et ça échauffe les esprits.
Je peins principalement des reproductions de photos (trouvées dans des magazines, mais aussi des photos de famille). Dans un sens, c39;est un problème stylistique, la forme est naturaliste, bien que la photo ne soit pas une chose naturelle, mais préfabriquée (le second-hand-world où nous vivons), je ne suis pas obligé de styliser artificiellement, car c39;est seulement sous des conditions bien spécifiques que la stylisation (altération de forme et de couleur) contribue à élucider un objet et un contenu (d39;ordinaire, la stylisation devient le problème majeur qui occulte tout le reste [objet, contenu], elle tourne à l39;artifice immotivé, au formalisme devenu tabou.
Les photos de famille, les portraits de groupe – c39;est quelque chose de merveilleux. Et c39;est aussi bon que n39;importe quel maître ancien, exactement aussi riche et au moins aussi bien composé (qu39;est-ce ça veut dire ?).
Mais je voudrais en arriver au point de pouvoir découper un magazine au hasard et que chacun de ces morceaux donne ensuite un tableau.
Je suis incapable pour le moment d39;expliquer ça comme il faut. Alors je rassemble déjà les matériaux photographiques les plus insignifiants et les moins artistiques que je puisse trouver. Et j39;aimerais arriver à ce que cette insignifiance spécifique soit conservée au profit de quelque chose qui serait recouvert sinon par tout un tas d39;artifices.
Croyez-vous que l39;on puisse parler dans votre cas d39;une renaissance de la peinture provoquée par Fluxus ?
Qui, extérieurement, c39;est-à-dire du point de vue du tableau, c39;était le pop art avec ses motifs nouveaux, mais Fluxus apportait encore une autre dimension qui possédait quelque chose d39;inconvenant, d39;aberrant. C39;était fascinant. Ces actions à Aix-la-Chapelle et Düsseldorf, avec Cage, Paik, Beuys et tant d39;autres, c39;est quelque chose que je n39;ai plus jamais retrouvé par la suite.